COMMENT NOUS SOMMES ARRIVÉS DANS LES DOLOMITES APRÈS 4 500 KM DANS LES JAMBES

Traverser l'Europe du Sud à pied d'ouest en est constitue un énorme défi. Nous aurions pu le faire de bien des manières mais le passage des Alpes était pour nous le rêve de toute une vie. Nous voilà donc en train de planifier cette folle aventure de manière à arriver dans les Alpes à un moment où la météo nous serait favorable.

Faire ce voyage à pied est pour nous un moyen d'accéder à des lieux et des personnes que nous n'aurions sinon jamais pu atteindre. Depuis notre départ du Portugal, il y a 9 mois, nous avons parcouru à pied près de 4 500 km à travers 5 pays. Nous avons traversé des montagnes, des déserts, des côtes, des champs, des marais, des terres brûlées, des lacs... Nous avons fait face au vent, à la pluie, à la grêle, à la neige, aux orages, aux nuits glaciales et à la chaleur écrasante. Nous avons rencontré des familles entières, des personnes isolées, des enfants et des vieillards. Tout ceci a fait de notre expérience ce qu'elle est.

La traversée des Alpes, la plus grande épreuve de ce voyage

Après 6 mois de ce régime, nous pensions que nous étions prêts pour ce qui allait s'avérer être la plus grande épreuve de ce voyage. Mais rien n'aurait pu nous préparer à ce qui nous attendait dans les Alpes. La difficulté du sentier, le dénivelé positif écrasant et l'incroyable distance que nous avons parcourue à travers les Alpes françaises, suisses et italiennes nous ont épuisés, mais tout cela n'était rien si l'on considère la beauté des paysages et la diversité de la faune et de la flore.

La beauté des Dolomites hors saison

Les Parisiens que nous sommes ne savions pas grand chose sur les Dolomites avant de nous préparer à les traverser. Nous avions surtout à l'esprit des images des Tre Cime di Lavaredo. Avant de préparer notre itinéraire, nous n'avions aucune idée de l'immensité et de la diversité des Dolomites. Avant de les atteindre, nous n'aurions jamais pensé que nous tomberions amoureux de cet endroit. Ces récifs de calcaire géants et escarpés, parfois complètement à la verticale, nous ont laissés sans voix. Un spectacle hors norme auquel chaque jour il nous était donné d'assister, et qui nous faisait nous sentir de plus en plus petits, kilomètre après kilomètre.

Ces endroits dont nous nous souviendrons toute notre vie

Depuis le col Sella, nous pouvions voir le Massif du Sella tout entier et nous sommes sentis attirés comme par un aimant. Nous n'avions au départ pas prévu de monter là-haut et la météo n'était pas vraiment en notre faveur. Mais nous n'avons pas pu résister et avons mis le cap sur le Piz Boè. Tous les refuges étaient déjà fermés à la mi-octobre et il n'y avait pas âme qui vive. Sur cette terre déserte et rocheuse, perdue dans le brouillard, nous avions l'impression de fouler une autre planète.

Nous avons probablement aimé la découverte des lieux autant que le trail lui-même. C'est sans doute ce qui nous a poussés à nous aventurer dans les tunnels du Lagazuoi. En réalité, nous ignorions tout de ce qui s'était passé dans cette partie de l'Italie pendant la Première Guerre mondiale.

Nous pensions que le lac de Braies était un lieu à ne pas manquer dans la région, et c'est donc là que nous avons fait en sorte de rencontrer nos deux invités suivants. Car depuis le début de cette aventure, 12 personnes venues de toute l'Europe nous avaient déjà rejoints pour parcourir avec nous une partie du chemin. Le lac de Braies entouré de ses hautes montagnes, le calcaire blanc et les couleurs de l'automne créaient une harmonie parfaite.

Alors que nous progressions vers les Tre Cime, nous avons rencontré très peu de personnes. À cette période de l'année, seul le refuge Auronzo était encore ouvert et il était bien évidemment complet. Nous avions prévu de dormir au bivouac d'hiver du refuge Locatelli. L'approche était impressionnante mais les trois sommets nous ont laissés tous les quatre sans voix. Ces géants sortis du sol, entourés d'arbres gigantesques, étaient l'incarnation même de la beauté.

Le respect de ce qui nous est donné

Visiter un lieu aussi mythique que les Dolomites hors saison nous a paru un énorme privilège. Des lieux quasi déserts, une météo parfaite, la chaleur de l'accueil que nous avons reçu dans les bivouacs... Pouvoir passer la nuit dans un endroit sûr et au sec n'a pas de prix ! Et cela n'a fait qu'augmenter notre déception en trouvant dans certains d'entre eux des déchets abandonnés. Nous avons pensé que le fait de nettoyer ces bivouacs serait une belle manière de tenir le pari 1KG FOR THE PLANET et de remercier ces endroits qui nous ont accueillis pour le nuit.

Fin des Dolomites et cap sur la Slovénie

Nous avons à présent quitté les Dolomites et mis le cap sur la frontière slovène. Nous avons décidé d'atteindre ce 6e pays en passant par le Sella Prevala. En raison des orages des jours passés, il y a beaucoup de neige là-haut. Traverser les deux derniers cols ne sera pas facile, mais heureusement, le temps est maintenant sec et il existe plusieurs bivouacs sur le chemin dans lesquels nous pourrions nous arrêter pour dormir au cas où nous avancerions moins vite que prévu.

Une page se tourne dans notre traversée des Alpes. Les Dolomites se sont hissées sur le podium des endroits les plus incroyables que nous ayons vus à ce jour et c'est certain, nous y retournerons !

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